Notre-Dame de Paris – Nouvelles connaissances entre histoire, archéologie et restauration
Journée d’étude
31 octobre 2025
9h30 – 18h30
Salle Stabat Mater, Biblioteca Comunale dell’Archiginnasio, Piazza Galvani 1, Bologne
Notre-Dame de Paris est certainement l’un des monuments les plus emblématiques au monde, comme en témoignent les quelques 14 millions de visiteurs qu’il accueille chaque année, ce qui en fait le monument le plus visité de France et d’Europe. La cathédrale a inspiré les plus grands artistes, avant tout Victor Hugo, l’un des premiers promoteurs de sa restauration qui, soutenu par Henri Labrouste, grand architecte français du XIXe siècle, en a fait un monument littéraire de renommée internationale avec son célèbre roman.
L’émotion ressentie dans le monde entier au moment de l’incendie du 15 avril 2019 a confirmé à quel point la cathédrale occupe une place particulière dans la mémoire collective des Français et de tous les peuples. C’est la raison pour laquelle, dès le lendemain de l’incendie, les autorités françaises ont donné leur feu vert à ce qui, vu aujourd’hui, est et restera longtemps le chantier de restauration le plus extraordinaire de ce millénaire.
S’inscrivant dans un processus de longue haleine, les travaux d’entretien et de restauration de ce monument n’ont jamais cessé depuis ceux entrepris au milieu du XIXᵉ siècle sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc. Les caractéristiques des interventions avaient été évoquées par Franck Riester, alors ministre de la Culture : « L’incendie de Notre-Dame de Paris nous a tous pris par surprise, comme il a pris tous les Français par surprise. Nous devons être à la hauteur de ce que le bâtiment représente sur les plans artistique, architectural, historique et symbolique. Sa restauration sera exemplaire ».
Ce travail titanesque, qui a duré plus de cinq ans et a mobilisé plus de deux mille artisans, a été accompagné d’un chantier scientifique mis en place par le ministère français de la Culture et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce site a permis d’apporter des connaissances et de soutenir la restauration proprement dite, mais aussi de faire de nouvelles découvertes en parallèle du projet de restauration lui-même. Plus de deux cents chercheurs (archéologues, historiens, historiens de l’art, anthropologues, physiciens, chimistes, ingénieurs, informaticiens, etc.) ont mis leur science au service de Notre-Dame et du patrimoine. Ils ont souvent apporté des informations fondamentales pour le chantier de restauration et ont enrichi la connaissance de l’édifice, de son histoire, de son environnement, mais aussi plus généralement celle des cathédrales et du patrimoine. Toutes ces informations, ainsi que celles relatives à la restauration proprement dite, ont afflué dans un système d’information « monumental » innovant, sorte de jumeau numérique de la cathédrale, qui a permis de collecter et de partager toutes les connaissances produites sur le monument par les chercheurs, qui fait désormais partie du patrimoine de la communauté scientifique, des techniciens et des citoyens. C’est la première fois au monde qu’un tel rassemblement de forces scientifiques et de disciplines différentes et complémentaires est organisé pour étudier un monument, dans le cadre d’un effort holistique et collaboratif extraordinaire.
Six ans après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, la journée d’étude « Notre-Dame de Paris : nouvelles connaissances entre histoire, archéologie et restauration », organisée conjointement par le département d’architecture de l’Université Alma Mater Studiorum de Bologne et le laboratoire MAP (Maquettes et simulations pour l’architecture et le patrimoine) du CNRS, vise à communiquer les formidables résultats de l’atelier scientifique consacré à la restauration de la cathédrale.
Des chercheurs de premier plan et des responsables d’activités présenteront les découvertes concernant non seulement le monument, mais aussi l’architecture et l’art du XIIIᵉ siècle à nos jours, les techniques et théories de la restauration, les découvertes archéologiques et les analyses scientifiques, ainsi que la constitution des systèmes d’information.
De nombreuses facettes de ces études seront présentées, de la récupération des décors de Viollet-le-Duc aux couleurs vives et aux motifs ornementaux qui ont ouvert de nouvelles perspectives pour l’étude et la reconstruction virtuelle de l’environnement d’origine, jusqu’à l’analyse des bases, des chapiteaux et des clés de voûte afin de classer les données typologiques et de réaliser des comparaisons stylistiques.
Un ensemble d’interventions mettra en lumière le caractère exceptionnel de ces études, de la sélection des matériaux effondrés à la création d’une base de données numérique, en passant par la redécouverte du jubé, une structure gothique du XIIIᵉ siècle détruite au XVIIIᵉ siècle, dont, sur le millier de fragments sculpturaux retrouvés, 700 comportent encore leur polychromie originale, révélant une exceptionnelle qualité picturale.
Livio De Luca présentera une approche innovante de la numérisation du patrimoine. Cette méthode transforme l’interaction entre les objets matériels et les études multidisciplinaires en une source de connaissances collectives permettant de corréler des données multidimensionnelles afin d’avoir une compréhension approfondie de l’objet. D’autres intervenants présenteront cette approche appliquée au jubé. Les défis liés à la variété morphologique, à la conservation et à l’accès seront abordés, ainsi que la méthode utilisée pour générer des métadonnées, calibrer des données géométriques et colorimétriques, et développer des méthodes de restitution numérique des couleurs et de classification des fragments, dans le but de permettre une future reconstruction physique et virtuelle du monument.
Enfin, Jonathan Truillet montrera comment les nouvelles découvertes et l’intérêt public suscité par la restauration seront préservés grâce au nouveau musée situé à proximité de la cathédrale. Celui-ci permettra de valoriser les collections, de diffuser les découvertes scientifiques et d’impliquer un public international.
Ensemble, ces diverses explorations soutiennent l’héritage de Notre-Dame de Paris comme dénominateur commun d’innombrables champs disciplinaires appartenant aux sciences du patrimoine, et constituent un réservoir exceptionnel de connaissances qui resteront à la disposition de tous pour l’avenir.
Consultez le programme complet en pièce jointe.
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