Cette année, un registre de recensement des Algériens du consulat d’Alexandrie (Egypte), entre les années 1920 et 1940, nous a été confié pour traitement par le Centre des Archives Diplomatiques de Nantes. Ce type d’objet pourrait paraître rébarbatif si on n’a pas la chance de l’avoir entre les mains : chaque page consigne des informations et une photographie pour chaque personne concernée. A l’heure de la photographie d’identité normalisée à l’extrême, c’est à l’époque un foisonnement photographique qui s’offre à nos yeux, avec des photographies de studio ou de famille parfois recoupées et de formats divers, et qui sont pour beaucoup certainement les seules traces restantes de ces vies lointaines !

Cet objet usuel, puis oublié au fond d’un bureau avant d’arriver aux archives, était en très mauvais état. La reliure avait complètement disparu. Les feuillets extérieurs étaient empoussiérés, avec des traces de moisissure sèche (non active), froissés et déchirés en bordures ; de nombreuses photographies avaient adhéré à la page d’en face, empêchant la consultation. Des tentatives de séparation avec arrachages étaient visibles.


Les feuillets ont été dépoussiérés avec un tissu microfibres, puis par gommage et micro-aspiration. La surface des photographies a été nettoyée avec des solvants appropriés, sauf lorsqu’elle s’avérait trop fragile.
Les phototypes adhérents ont été séparés, selon les cas, avec des bandes de polyester ou avec des spatules fines. Les résidus de papier ont été éliminés dans la mesure du possible avec un coton-tige imbibé d’un agent de surface tensio-actif, qui permet de ramollir le papier sans trop humidifier la gélatine très sensible à l’eau.
Les feuillets et les photographies le nécessitant ont été consolidés à l’aide d’adhésifs cellulosiques réversibles et de bandes de renfort en papier japonais très fin.
Les bordures centrales de feuillets seront consolidées par le prestataire qui assurera la couture et la réalisation d’une nouvelle reliure de conservation.
L’objet reste très fragile et sensible, d’une part parce que les matériaux d’œuvre ne sont pas d’une grande qualité, d’autre part du fait de son état avant traitement. La restauration assure une stabilisation de l’état de dégradation, permet la consultation, mais ne peut redonner à l’objet son état d’origine.






Gwenola Furic, conservatrice-restauratrice de patrimoine photographique. photos © G. Furic.